AOUT
1944
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En 1944, la ville est bombardée dès le 5 juin. Seul le quartier Saint-Martin est épargné. La gare et la caserne Molitor sont particulièrement touchées. Le bombardement est dantesque (lire Sie Kommen pour avoir une description réaliste de cette nuit atroce synonyme de liberté).
"LA BATAILLE DE LA POCHE D'ARGENTAN"
ou comment, sur le sol ornais, les Allemands ont perdu la seconde guerre mondiale
En juillet 1944, les alliés ont consolidé leur positions en Normandie. Caen, théâtre de longs et rudes combats est finalement tombé le 9 juillet aux mains des Britanniques. Les Américains foncent vers Saint-Lô et se déploient à travers le Cotentin, se dirigeant à la fois vers le Nord, avec Cherbourg pour objectif principal et vers le Sud réussissant à couper la presqu'île et à atteindre les faubourgs d'Avranches où ils livrent une dure bataille avant de se rendre maîtres de la ville.
Le 18 juillet, Saint-Lô, où la résistance allemande fut acharnée, est pris par les troupes U.S. La voie vers la Bretagne est ouverte. Patton reprend l'offensive en se déployant en deux ailes vers l'Ouest et le Sud.
Début août, la ligne de front s'étend de Mortain à Caen en passant par Vire, les Américains ayant atteint Rennes.
Le 7 août, le Maréchal Gunther Von Klüge, commandant en chef des Armées allemandes sur le front Ouest lance une contre-offensive sur Mortain. Des combats violents ont lieu et finalement la manœuvre échoue. Les Allemands se replient et battent en retraite. Les Alliés progressent ensuite de manière foudroyante, les troupes allemandes échappant à un premier encerclement à Flers puis à un second à Falaise.
Le 11 août, dans la nuit, les premiers éléments des armées allemandes de Normandie traversent la région de Trun. La retraite s'organise.
Le 12 août, Leclerc et sa 2e D.B. prennent Alençon. Les Alliés ont la maîtrise du ciel et l'aviation assaille sans répit l'armée en déroute qui subit également les tirs de l'artillerie américaine en position aux abords d'Argentan. Afin d'éviter la jonction des armées américaines et britanniques ( qui se trouvent respectivement autour d'Argentan et dans les faubourgs de Falaise) qui couperait la route à ses troupes parmi lesquelles le gros de la Ve Armée blindée, la VIIe Armée et le groupe de Divisions "Eberbach", Von Klüge décide de renforcer les défenses aux approches des deux villes. Les Allemands n'ont désormais que Chambois et Vimoutiers comme uniques voie d'issue.
Le 14 août commence la Bataille de Chambois. Les Américains atteignent Le Bourg-Saint-Léonard. La population civile, otage bien malgré elle d'une armée en déroute, est inquiète, craignant les excès des combattants SS.
Le 15 août, Trun est bombardé. Von Klüge est porté disparu. Le 16 août, le canon gronde toujours. Les civils vivent un véritable calvaire, se terrant dans des abris de fortune.
Le 17 août, la bataille se resserre. Les canadiens atteignent Louvières en Auge. Toute retraite, vers Livarot ou Vimoutiers, est coupée. La route qui relie Chambois à Vimoutiers est obstruée par des carcasses d'un important convoi automobile allemand détruit par les obus US. Les Allemands fuient en ordre dispersé.
Le 18 août, 80.000 Allemands n'ont toujours pas réussi à fuir. Venant de Saint Pierre sur Dives, les Alliés sous commandement britannique ont atteint Livarot. Polonais et Canadiens, descendus des hauteurs occupées le matin, atteignent à midi les premières maisons de Trun abandonnées. Le bourg est en flammes. Dans l’après-midi, les Alliés se dirigent vers Magny et Saint-Lambert.
Le Général Hausser est chargé du repli des troupes allemandes. Il tente une contre-attaque au sud-ouest de Trun pour faciliter l'évacuation de ses hommes mais, se heurtant à une violente résistance, il renonce. Tournai-sur-Dives, point focal de l'affolement général, reçoit et disperse les chemins qui conduisent à la rivière. Pour l'armée en retraite, il ne reste alors, comme seule alternative à la mort, qu'un étroit couloir de 8 km de long, le chemin d'Aubry, le Gué de Moissy, Hennecourt et Boisjos, le désormais célèbre "Couloir de la mort" où la plupart périront.
Le soir, la poche est longue de 41 km et large de 12. Les Polonais avancent vers Saint-Lambert. Les Américains et la 2e D.B. se dirigent vers Tournai-sur-Dives.
Le 19 août, les tirs d'artillerie se concentrent sur Tournai, plus de 200 pièces sont en action. Les obus vont tomber pendant 57 heures ! Les allemands partagent le triste sort des civils. Les Canadiens sont stoppés à Saint-Lambert tandis que les Polonais prennent Boisjos et Montormel. Cette colline, haute de 28 mètres, marquant les premiers contreforts du Pays d'Auge, dominant le champ de bataille et les voies de retraite empruntées par l'ennemi, est un endroit stratégique de première importance. En début de soirée, les Américains font la jonction avec les Polonais à Chambois.
Le 20 août, des assauts fanatiques sont menés par des SS déterminés qui, ayant réussi à s'extraire de la nasse, tentent de protéger la retraite allemande en prenant position sur les hauteurs tenues par les Polonais. Une contre-attaque sur Chambois réussit partiellement mais les Américains repoussent en soirée les Allemands… Les bombardements se poursuivent sur le "Couloir de la mort".
Le 21 août, les Allemands mènent leurs dernières attaques contre les positions polonaises. Ces derniers, coupés de leur Armée, résistent héroïquement.
L'après-midi, les Canadiens rejoignent les Polonais qui se trouvaient à bout de forces. Les pertes polonaises sont considérables parmi les hommes mais aussi parmi les officiers.
Le 21 août, 2.000 allemands épuisés se rendent sans résistance à Tournai-sur-Dives.
Après trois jours passés dans la puanteur, sans boire, sans manger ni dormir, les civils hébétés sortent de leurs abris de fortune. De tous côtés le spectacle est indescriptible.
La bataille d'Argentan-Trun-Chambois, ou "Bataille de la Dives" est terminée.
Les Alliés ont définitivement pris l'avantage.
Sur le sol ornais, les Allemands battant en retraite vers la Seine, puis vers le Rhin ont perdu la Seconde Guerre Mondiale.
Le Bilan de la Bataille de la Dives
Le champ de bataille était un enfer. Plus de 10.000 cadavres allemands et des centaines de chevaux morts qui, en ce mois d'août 1944 dégageaient une puanteur que sentaient même les pilotes qui survolaient le champ de bataille. ( La Bataille de Normandie a coûté au total plus de 800.000 hommes aux Allemands dont 350.000 morts blessés ou disparus et 450.000 prisonniers)
A l'intérieur du dernier carré ( délimité par Pierrefitte-Argentan-Chambois-Vimoutiers et Trun) des Britanniques du 2e Operational Research Section dénombrèrent 187 chars et canons automoteurs, 157 voitures blindées légères, 1778 camions, 669 voitures et 252 pièces d'artilleries diverses.
Comme le Général Stacey le rapporte dans son "Histoire officielle canadienne", " la concentration la plus forte était au Sud-Ouest de Saint-Lambert. Beaucoup de moyens de transport allemands étaient hippomobiles, mais aucun dénombrement exact des fourgons n'a été fait car les enquêteurs estimèrent que la puanteur dégagée par les chevaux morts, là où se trouvaient la plupart des véhicules hippotractés, était si envahissante que l'endroit fut traversé à toute vitesse…"
Le mercredi 23 août 1944, le Commandant suprême allié, le Général Dwight Eisenhower, visita le champ de Bataille. Dans son livre "Croisade en Europe", il en parle en ces termes :" Je fus conduit d'un bout à l'autre à pied, pour voir des scènes que seul Dante aurait pu décrire. Il était possible de marcher pendant des centaines de mètres en ne marchant sur rien d'autre que de la chair morte et pourrissante…"
Un officier américain qui avait observé la destruction provoquée par la Première Guerre Mondiale sur des champs de bataille tels que ceux de l'Aisne et de la Marne, de Saint-Mihiel, de la Meuse ou de l'Argonne et qui avait vu les bombardements sur Londres et le bombardement de Saint-Lô quelques semaines auparavant écrivit après sa visite du champ de bataille le 21 août :" Rien de ce que j'avais pu voir auparavant ne peut être comparé avec ce que je vis hier au Sud-Est de Trun…L'herbe et les fleurs étaient d'un vert éclatant comme dans toute la Normandie et un nombre surprenant de maisons étaient intactes…Je passais par un chemin entouré par 20 ou 30 chevaux ou morceaux de chevaux morts, la plupart d'entre eux encore attelés à leurs fourgons ou carrioles. Aussi loin que mes yeux pouvaient voir dans tous les horizons, il y avait des véhicules, des fourgons, des chars, ces canons, des générateurs, des voitures, des cuisines roulantes…. Je marchais sur des centaines de fusils dans la boue et j'en vis encore des centaines entassés dans des hangars. Je marchais sur deux kilomètres et plus de chemins où les véhicules avaient été pris serrés étroitement. Je vis probablement 300 pièces de campagne et des chars armés de canons de forts calibres qui étaient apparemment intactes. Je ne vis pas de trous de renard ou tout autres type d'abri ou de fortification de campagne. Les Allemands avaient tenté de fuir et il n'y avait pas de place pour le faire. Ils étaient probablement trop épuisés pour creuser. Ils étaient même trop fatigués pour se rendre…"
La portée de la victoire alliée
• avis du Général Eseinhower :
" Bien que la bataille dans la Poche de Falaise-Argentan n'ait pas réalisé la totale extermination des Armées allemandes en Normandie, leur puissance utile de combat était brisée et notre route à travers la France était ouverte…"
• Avis du Général Bradley :
" Plus de 70.000 allemands démoralisés furent tués ou pris dans cette poche. Le gros de 19 divisions allemandes avait été taillé en pièces dans la Poche. L'ennemi était détruit à l'Ouest de la Seine et tandis qu'il s'effondrait, la libération de la France n'était plus qu'une question de jours…"
• Avis du Général Montgomery :
" Le 19 août marque la fin de la Bataille de Normandie. Nous nous sommes définitivement débarrassés de ce qui restait de l'armée encerclée dans la Poche à l'Est de Mortain. La victoire était définitive, complète et décisive".
• Rapport du Fledmarschall Model au Feldmarschall Keitel :
" Cinq divisions décimées revinrent en Allemagne. Les restes de 11 divisions d'infanterie permirent de reconstituer 4 unités, chacune avec une poignée de pièces d'artillerie et d'autres petits matériels…Ce qui subsista de 11 divisions blindées quant à elles furent renouvelées en personnel et matériel et constituèrent 11 régiments chacun avec 5 ou 6 chars et quelques batteries d'artillerie."
• Avis du Général Eberbach
" Le nombre des allemands qui échappèrent à l'encerclement après la fermeture de la Poche peut être évalué à 20.000 et celui des hommes tués pendant la Bataille du 10 au 22 août à 30.000."
• Avis de Chester Wilmot, critique militaire britannique :
" Dans la Poche Falaise-Argentan, la Wehrmacht subit son plus grand désastre militaire depuis Stalingrad"
Motifs et réflexions
La Bataille de Normandie reste le sujet d'intérêt n°1 des touristes en Normandie. Sur les plages ils viennent principalement à partir du mois d'avril et jusqu'à l'automne. A l’intérieur des terres, la fréquentation est moins saisonnière. Les touristes ont d’autres sensibilités, moins attirés par les faits de guerre, par le grand événement du débarquement, ils sont plus proches des problèmes humains, des combattants et des civils.
Plusieurs millions de visiteurs sont déjà venus de l'hexagone et des pays anglo-saxons. Au fil des ans, on peut noter la disparition de la clientèle "naturelle" de l'opération "Overlord", c'est à dire les vétérans et plus généralement tous ceux qui ont vécu cette époque de guerre.
Si chaque année depuis les années 1960, les visiteurs sont nombreux à venir en Normandie sur les traces des alliés dans leur œuvre libératrice, on constate qu'ils se cantonnent sur les plages du Calvados et de la Manche et une bande large d'une trentaine de kilomètres à l'intérieur des terres comme si la Bataille de Normandie s'était limitée à une "simple" opération de débarquement s'étant déroulée durant la première quinzaine de juin 1944. Tout au plus invite-t-on ces gens à se rendre vers Mortain ou Falaise.
Si les plages de débarquement, les cimetières militaires et les grands musées qui ont été construits à proximité comme le célèbre Musée d'Arromanches, le Mémorial de Caen ou celui de Bayeux, bénéficient du gros des troupes, les sites de la "Bataille de l'intérieur" restent pratiquement inconnus du grand public.
C'est le cas pour la Bataille dite "de la Poche de Falaise" et plus précisément celle qui s'est livrée entre le 15 et le 22 août 1944 dans le triangle Argentan-Trun-Chambois dont l'importance fut pourtant déterminante pour l'avenir de la seconde guerre mondiale.
Le Musée de Montormel, qui retrace ces combats, stagne depuis sa création avec tout juste 10.000 visiteurs chaque année !!
Aujourd'hui une nouvelle clientèle s'est appropriée les sites de la Bataille de Normandie. Contrairement à leurs aînés, et notamment les britanniques, canadiens ou américains qui venaient en Normandie effectuer en grande majorité un "pèlerinage", en quête de souvenirs, d'émotions, de sensations ou pour se recueillir sur la sépulture d'un camarade de combat ou d'un père mort au champ d'honneur, les "nouveaux visiteurs" sont avant tout des touristes qui, à l'occasion d'un séjour en Normandie, viennent s'informer, découvrir une époque, une bataille et des sites qu'ils ne connaissaient, pour la plupart, qu'à travers leurs lectures ou des films retraçant les événements tragiques de l'été 1944. Ils souhaitent comprendre l’extraordinaire rapidité du déclin des forces allemandes, les mouvements d’encerclement qui sont à la base de retraites, de défaites et de la libération des territoires occupés.
Ils viennent "consommer" un produit touristique, voir des lieux historiques dans un contexte leur permettant d’appréhender non seulement les enjeux et les mouvements militaires mais aussi leurs effets sur l’environnement immédiat, sur la vie des habitants et des occupants.
Notons que la clientèle allemande, malgré son intérêt pour la Normandie en général et pour le sujet en particulier, soixante ans après les faits, se fait encore très discrète. Ceux qui aujourd'hui sont présentés comme "les plus proches et fidèles alliés" de la France ont souvent le sentiment d'être traités comme "indésirables" sur les sites historiques.
III - OBJECTIFS
Au delà du 60e anniversaire de la Bataille de Normandie, en Pays d'Argentan, que le comité d'organisation a décidé d'honorer tout spécialement, il nous paraît indispensable de promouvoir et de développer considérablement la fréquentation du champ de Bataille de la Poche d'Argentan auprès d'une nouvelle clientèle faite de visiteurs individuels mais aussi de groupes à travers le réseau d'autocaristes qui fréquentent la région.
Pour répondre à leurs attentes, il est nécessaire de leur proposer une palette de produits qui intègre :
- - la vie des habitants et des occupants avant, pendant et après la bataille à partir de témoignages et de souvenirs en hommage aux acteurs d’une épopée riche d’enseignements pour les générations à venir, et notamment à l’Abbé Launay et aux membres des familles qui furent pris dans la tourmente, un lieu de mémoire proposant des analyses et des synthèses en liaison avec le Mémorial de Caen.
- - En extérieur, une exposition des matériels de guerre des différentes armées qui furent mis en œuvre sur place.
- - le cheminement des troupes en suivant les « chemins de la mémoire » qui, de Tournai sur Dive au Manoir de Boisjos, permet d’appréhender in situ les problèmes des combattants et des habitants dans une véritable nasse infernale dont le « couloir de la mort ». Des étapes avec des sites d’informations particuliers et des expositions illustrant les propos : animation avec le concours des habitants, vente directe de « produits de la ferme ».
- - un site de recueillement et de méditation, le Miroir des âmes, passage obligé des Chemins de la Mémoire, au point culminant proche de Boisjos, qui permet de dresser une table d’orientation découvrant l’ensemble du panorama.
- - le descriptif militaire du champ de bataille présenté par le Mémorial de Montormel, sur la côte 263,
UN PARCOURS DE MEMOIRE
Tournay/Dives - Montormel
ce nouveau concept (à valider) permet de répondre aux attentes d’une nouvelle clientèle qui s'est appropriée les sites de la Bataille de Normandie. Ces "nouveaux visiteurs" sont avant tout des touristes qui, à l'occasion d'un séjour en Normandie, viennent s'informer, découvrir une époque, une bataille et des sites qu'ils ne connaissaient, pour la plupart, qu'à travers leurs lectures ou des films retraçant les événements tragiques de l'été 1944.
Sous réserve des conclusions des enquêtes préliminaires qu'il convient de mener :
Quelques idées à développer :
Création au cœur du champ de bataille à Tournai-sur-Dives, ville martyre, point focal de la retraite allemande, d'un musée complémentaire de celui de Montormel, d’un centre d’exposition de matériels de guerre récupérés sur place et d'une aire d'information, d'un observatoire avec vente de livres et fascicules sur la Bataille et objets divers. (investissement privé).
Création d'un circuit du champ de bataille avec haltes et panneaux explicatifs illustrés de photographies du lieu prises en 1944 ( "Musée vivant" dans le style de ce qui a été fait à Waterloo).
On peut s'inspirer pour atteindre cet objectif de l'exemple de ce qui a été fait pour les champs de bataille de la grande guerre dans l'Est de la France.
A la découverte du plus grand champ de bataille
de la seconde guerre mondiale en Europe occidentale